Wildfire response interoperability at incident management level
A l’occasion de la séquence formation sur l’outil de simulation de Valabre rencontre avec les deux artisans du programme FIRE RES
Propos recueillis par Luc LANGERON
Lieutenant- colonel Jean Paul MONET, vous êtes rattaché au SDIS13 et vous êtes le coordinateur de la formation pour FIRE-RES. Pouvez-vous nous rappeler les intentions du programme.
Le projet FIRE RES financé par le fonds européen GREEN DEAL, et intégré dans le programme « Horizon Europe », est dédié à l’amélioration de la prévention et de la réponse opérationnelle des sapeurs-pompiers, principalement.. Plus de 15 nationalités sont ainsi mobilisées, de l’Europe à l’Amérique du Sud, en passant par l’Australie, à travers 35 membres et 7 zones forestières pilotes. La plupart des actions ont été orientées sur la prévention et les travaux liés à l’aménagement du territoire. En parallèle, plusieurs chapitres sont dédiés aux intervenants, et en particulier cette formation feux de forêt à Valabre.
Cette semaine, 11 nationalités vont devoir composer et coopérer avec le commandement d’un incendie de grande importance, matérialisé par l’organisation de 5 simulations différentes, dans 5 pays différents, France, Italie, Croatie, Suède et Portugal.
LCL Stéphane POYAU, vous appartenez au SDIS des Landes et vous intervenez en qualité d’encadrant sur les aspects de commandement et de coordination sur les feux de forêt et de végétation. Dans chacun des pays de l’Union les lignes diffèrent ?
Bien sûr, l’union européenne est construite sur un rassemblement de pays, qui, chacun, ont leur propre construction, et notamment dans les domaines de la sécurité civile, de la coordination, du commandement et de la gestion de crise. Des manières de faire différentes, mais qui souvent, convergent sur beaucoup de thématiques comme la lutte contre les feux de forêt. Ce qu’on joue aussi, et qui est précisément l’un des objectifs du stage, c’est la mobilisation (réponse) du mécanisme européen de protection civile (MPCU). L’idée est bien de préparer au MPCU les participants de la formation. Certains sont déjà largement formés, d’autres découvrent le MPCU. Mais tous devront probablement faire face à des évènements de grande échelle, des grands feux. Ils doivent savoir se tenir prêts potentiellement pour être projetés en renfort ou accueillir des modules étrangers.
Justement parlons de ces unités en Europe ?
Lcl JP MONET : En l’occurrence tous les étés pour le FdF, il y a des dizaines de modules qui vont renforcer les pays en difficulté. Avec ce stage, nous menons une formation pilote expérimentale qui visent à faire collaborer dans le système de commandement toutes sortes de nationalités. Je ne dirais pas toutes sortes de compétences, parce que tous les opérationnels présents sont des officiers de haut, voire très haut niveau. Donc il n’y a pas de problème pour eux avec le commandement des opérations de secours, simplement la difficulté vient du fait que le chef de secteur droit est croate, que le chef de secteur avant est polonais, et le flanc de secteur gauche est suédois. Cela nous permet de partager sur les systèmes de commandement propre, d’aller chercher les points communs, c’est particulièrement enrichissant.
LL : Pourquoi avoir choisi Valabre pour cet exercice ?
LCL POYAU Valabre est au cœur du dispositif de formation, concernant les feux de forêt. C’est le site historique, qui propose un outil de simulation et qui présente aussi une grande flexibilité. C’est tout l’intérêt, pour mobiliser des collègues de différents pays, parce qu’on peut facilement intégrer les personnes avec le simulateur, les faire participer, croiser leurs connaissances et de s’adapter rapidement.
Pouvez-vous faire un focus sur le mécanisme européen de protection civile.
LCL POYAU C’est un dispositif qui est relativement récent, il y avait quelques dizaines de demande d’activation il y a encore 6 ans, et aujourd’hui on est vraiment sur des chiffres beaucoup plus importants, 106 par exemple en 2023. Il y a une accélération de la demande d’assistance au niveau mondial et européen, qui est totalement en lien avec l’évolution des crises, le changement climatique, feux de forêt, inondations… mais également des tremblements de terre, des catastrophes industrielles et autres. Une évolution considérable du nombre de demandes, mais aussi de plus en plus de modules (personnels, véhicules, équipements), c’est-à-dire de moyens de secours qui sont préparés, mis à disposition, mobilisés.
Nous avons pu le voir en France lors de la saison des feux de forêt de 2022. Le MPCU à la demande de la France, a coordonné la mobilisation de plusieurs modules terrestres et aériens de différents pays avec un grand nombre d’acteurs de la sécurité civile, particulièrement pompiers, qui sont venus en aide sur le territoire national.
LL : Dernière question, un peu plus personnelle à vous deux. Quel est le point qui vous parait être le plus appréciable ?
Lcl JP MONET : Ce qui est savoureux, c’est que notre démarche évite tout hégémonisme, je veux dire par là qu’on a toujours tendance à dire, oui l’Europe du Sud, elle sait ce que c’est que le feu de forêt et il faut acculturer l’Europe du Nord… c’est loin d’être aussi simple que ça ! Certes « les sudistes » détiennent en leurs rangs des experts très pointus, mais nous constatons tous que les suédois, polonais, par exemple, qui ont déjà gérés quelques dizaines de feux de forêt dans leur vie, sont excellents. Je milite donc pour un cadre commun d’exercice du commandement, une interopérabilité renforcée évidemment !
LCL POYAU : mon rôle est d’être focalisé sur la partie MPCU dans notre formation. Je m’efforce d’amener un certain nombre de connaissances et de mises en situation sur ce thème. On apprend beaucoup des autres, ça permet aussi de mettre en perspective nos pratiques, de les remettre en question, et c’est particulièrement enrichissant aussi pour les organisateurs-animateurs que nous sommes.