Le carroyage DFCI ne date pas d’aujourd’hui !
Si un premier système de repérage voit le jour lors de la conception des cartes de l’État-major par le service géographique des armées au XIXème siècle, c’est durant la guerre d’Algérie que s’explique la véritable origine du carroyage DFCI (Défense de forêt contre les incendies).
En effet, des Groupes Mobiles de Sécurité (GMS), renforts de l’armée française au profit de la police rurale durant la guerre d’Algérie, utilisaient le carroyage « Chasse » pour se repérer dans l’espace. Ce carroyage était basé sur le quadrillage UTM (Universelle Transverse de Mercator) qui couvre l’ensemble du globe avec des carrés de 100, 10 et 1 kilomètre. Les coordonnées « Chasse » sont généralement utilisées entre les éléments au sol et l’aviation. Elles sont codifiées de façon spécifique pour pouvoir simplifier l’identification d’un carré. La désignation du carré de 100 kilomètre est réalisée de la même façon qu’avec les coordonnées UTM, par deux lettres, par contre les coordonnées du carré de 10 kilomètres et du carré de 1 kilomètre sont différentes. En effet, les coordonnées kilométriques de l’ange Sud-Ouest sont remplacées par 1 chiffre en abscisse (0 à 9) et 1 chiffre (0 à 9) en ordonnée pour les carrés de 10 et 1 lettre en abscisse (A à L, les lettres I et J n’étant pas utilisées) et 1 chiffre en ordonnées pour les carrés de 1 km. Pour désigner un point à l’intérieur de l’unité élémentaire, la précision est obtenue en découpant ce carré en cinq zones numérotées de 1 à 5.
A leur retour en France à la fin de la guerre, les GMS sont affectés au Service National de la Protection Civile, notamment chez les sapeurs-pompiers, où certains occuperont des emplois spécifiques aux feux de forêt. Le principe du carroyage « Chasse » est alors appliqué à la problématique des feux de forêt du sud de la France. C’est à partir de 1973, qu’un premier carroyage DFCI apparaît. Il était basé sur le découpage des cartes aux 100 000ème de l’IGN des années 1960, qui sont en représentation conique conforme « Lambert ». Ce découpage est trapézoïdal. Chaque élément de ce découpage est codifié avec une lettre en abscisse (de A à S d’ouest en est pour la France continentale et la lettre T pour la Corse) et un chiffre en ordonnée (de 1 à 25 du nord au sud pour la France continentale et de 01 à 08 pour la Corse). Un quadrillage secondaire était obtenu en obtenu en traçant, à espacement de 2 km, à partir du coin inférieur gauche de chaque trapèze, des parallèles aux côtés sud et ouest de celui-ci. Les coordonnées étaient constituées par un chiffre en abscisse (de 01 à 28, 29, 30,… selon la largeur du trapèze) et une lettre en ordonnée (de A à T).
A la fin des années 70, pour assurer une continuité entre les départements, une grille de référence du carroyage DFCI a été créée avec des carrés de 100 kilomètres de côté, en projection Lambert II étendu sur l’ensemble du territoire métropolitain. Chaque carré de 100 km est divisé en 25 carrés de 20 km de côté, numérotés par des chiffres pairs de 0 à 8. Chaque carré de 20 km est divisé en 100 carrés de 2 km de côté, numérotés par un groupe composé d’une lettre et d’un chiffre. L’unité élémentaire est un carreau de 2 kilomètres de côté, défini par 6 caractères, comme dans l’exemple ci-dessous : LD26G2).
Un outils adapté à la lutte contre les incendies de forêt
A partir de 1980, le carroyage DFCI a été édité sur les cartes IGN « série verte » au 100 000ème par l’Entente sur les départements fondateurs : Corse, Alpes-Maritimes, Var, Hérault et Bouches-du-Rhône. Ces cartes permettaient aux pompiers et forestiers de localiser rapidement un départ de feu et de s’y rendre rapidement grâce à une numérotation accentuée des routes principales. Ce n’est qu’à la fin des années 80, que les cartes IGN « série bleue » au 25 000èmeont commencées à être éditées. En plus du carroyage DFCI qui permettait aussi d’estimer la surface des feux, une surcharge des données utiles aux opérations : pistes DFCI, citernes, tours de guet, lignes électriques, etc. complétait le fond topographique.
Le carroyage DFCI est utilisé pour localiser les points d’éclosion des feux dans la base de données Prométhée créée dans les années 80. Pour les feux de 1973 à 1980, les coordonnées DFCI ont dû être converties pour utiliser les coordonnées du nouveau carroyage DFCI.
Aujourd’hui, malgré le développement des outils de localisation GPS, le carroyage DFCI reste un outil de localisation efficace. Il est toujours présent sur les cartes DFCI « grand format » centrées sur les départements, qui ont remplacées les cartes feu « séries vertes » ou sur les atlas DFCI, qui ont remplacés les carte feu « série bleue ».
Avec le développement des Systèmes d’information Géographique, le carroyage DFCI est utilisé dans les outils de gestion opérationnelle, tels que :
- Les systèmes de gestion et de traitement de l’alerte des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) ;
- Les outils de situation tactique (SITAC) comme Asphodèle utilisé par les postes de commandement sur le terrain pour avoir une représentation graphique de la zone d’intervention, du sinistre, des actions et des moyens engagés ;
- L’outil de gestion de crise État-major de zone de Défense Sud-est « SIZIF », où les évènements et notamment les feux de forêt, sont localisés grâce aux coordonnées DFCI ;
- Les outils des officiers supérieurs d’investigations pour la coordination des moyens aériens ;
- L’application mobile « prévention incendie de forêt » permettant de connaître en temps réel les niveaux de risque d’accès aux massifs, de lancer une alerte rapidement avec les coordonnées GPS et DFCI de sa position, et de transmettre des témoignages photos.
D’abord utilisé dans les départements concernés par les feux de forêt, le carroyage DFCI est maintenant utilisé dans d’autres départements de France. Des cartes murales contenant le carroyage DFCI équipent la plupart des centres opérationnels, permettant un repérage rapide.
Aujourd’hui, l’utilisation du carroyage va même au-delà de la DFCI. Pour exemple, le SDIS de la Moselle utilise le carroyage DFCI dans le cadre du plan ORSEC « aérodrome » afin de partager le même référentiel de localisation avec les autres partenaires (Préfecture, la gendarmerie, le SAMU, les exploitants, les collectivités, etc.). C’est également le cas d’autres organismes comme l’agence régionale de santé (ARS) Rhône-Alpes qui utilise le carroyage DFCI sur l’ensemble du territoire national dans une application web-carto nationale (http://www.atlasante.fr) pour faciliter les échanges ARS – SDIS en ayant une grille de lecture partagée.
Vers une diffusion du carroyage DFCI en Open Data…
Ainsi, une réutilisation de la donnée par divers acteurs est en marche ! Il apparaît opportun pour le Pôle Nouvelles Technologies de l’Entente, producteur des données SIG du « Carroyage DFCI », de les diffuser au plus grand nombre en Open data.
Mais qu’est-ce que l’open data ? Il s’agit d’un procédé d’ouverture des données publiques qui consiste à mettre à disposition de tous les citoyens, sur Internet, toutes les données produites ou détenues par l’administration (Etat, collectivités territoriales, établissements publics).
Dans quel but ? S’inscrire dans une démarche participative, pour un partage gratuit et une réutilisation de la donnée à d’autres fins que celle de la mission de service publique en vue de laquelle elle a été élaborée.
La donnée téléchargeable en ligne, c’est ici :