Interview du Chef du Centre national de plongée et des activités nautiques
L Langeron : Quelle est l’organisation de cette semaine avec les médecins et la thématique principale de ce stage ?
JJ Grenaud : L’activité du CNP en septembre est toujours très chargée : 6 formations en parallèle, dont celle du maintien des acquis des médecins de plongée, sapeurs-pompiers. Une composante médecine pour les sapeurs-pompiers importante à double titre : premièrement, tout plongeur doit détenir une aptitude médicale à la plongée pour pouvoir exercer sa spécialité et ceci est répété chaque année. Ce qui veut aussi dire que pour le plongeur, il est important d’avoir une complicité avec l’ensemble du corps médical de manière à pouvoir confier ses ennuis, ses problèmes d’ordre psychologique, personnel, d’ordre traumatique… Justement, pour pouvoir conseiller, accompagner dans ce qu’il peut faire, ne pas faire ou arrêter temporairement, reprendre et avoir un suivi au sein de l’équipe.
Deuxièmement, il y a toute la partie utilisation de l’oxygène, l’enseignement de la physiologie appliquée à la plongée et liée à nos lois physiques. Dans les SDIS, pour tous les engagements de plongeurs sur le terrain , un accompagnement d’infirmiers est requis. On parle de tryptique, c’est-à-dire le conseil technique de la spécialité plongée, le médecin et l’infirmier, ça fait un tout et c’est très important pour nous, parce que quand on est un sapeur-pompier, qui, bien évidemment est formé au secours et quand il est concentré sur sa mission de plongée, en fait on se rend compte chez les spécialistes qu’ils en perdent presque le réflexe de ce qu’ils font tous les jours à l’ambulance. L’infirmier dans l’équipe, il est extérieur à la spécialité, il a l’œil sur cet ensemble là, ce qui fait qu’encore une fois, c’est un travail d’équipe.
LL : Au centre National de la plongée, vous disposez vous-même d’un médecin de référence ?
JJ Grenaud : le Lieutenant-Colonel Mathieu COULANGES, est le médecin de l’école et le chef du service hyperbare de Marseille. Il est de plus le responsable de l’enseignement universitaire du certificat d’enseignement universitaire de médecine de plongée et de soutien sanitaire. C’est lui qui prépare le programme de maintien des acquis de nos médecins.
L L : cette semaine pour cette FMA, vous réunissez des médecins venus de SDIS différents, pour quel type de programme ?
Les interventions sont multiples, elles regroupent le médical, c’est-à-dire le rafraichissement sur l’ORL, thématique importante pour notre spécialité. Pour le plongeur sous pression, ses « oreilles » la clé de voute : une oreille qui ne passe pas, une oreille en difficulté signifie : pas de plongée.
Au programme également, des examens, des démonstrations de diagnostics, et d’échanges sur l’aptitude médicale. Personnellement j’insiste sur les procédures mises en place pour faire de la prévention, les bonnes pratiques lors des plongées profondes ou sous plafond.
L L : Rappelez-nous cette dimension de la plongée dans les SDIS en France ?
JJ Grenaud : A l’heure actuelle, c’est 2400 plongeurs opérationnels sur le territoire national. Leurs interventions sont quasi quotidiennes. Notre spécialité peut s’élargir au-delà de la plongée avec le nautique. Le plongeur est polyvalent : avant d’être plongeur, il est d’abord sauveteur aquatique, pour porter assistance, secourir des gens en milieu inondé et ensuite intervenir en tant que plongeur. Mais je veux insister sur un risque dont on ne parle pas assez : la noyade.
Réalisez que la que la noyade en France est la première cause de mortalité. Cet été, sur les départements du sud, nous avons dépassé les 100 cas. Cela représente tous les jours 5 à 8 départs plongeurs.
L Langeron : L’activité du CNP bat son plein depuis le début du mois de septembre ?
JJ Grenaud : Cette année nous totalisons déjà 108 formations organisées ici sur l’école et une vingtaine environ à l’international soit près de 1800 stagiaires.
Cette activité intense tient notamment au fait que les équipes nautiques connaissent un taux de renouvellement beaucoup plus important aujourd’hui qu’il ne l’était par le passé. Un plongeur, ou quelqu’un du domaine opérationnel nautique a une carrière beaucoup plus courte. Cela s’explique par des modifications liées au temps de travail, aux mutations aux nominations…