Figure de la lutte contre les incendies de forêt, Antoine BATTESTI fut l’artisan de la mission « VULCAIN » qui devait refonder la stratégie générale de la prévention et de la lutte.
Hommage et reconnaissance du Président Jacky GERARD et du Colonel Jean-Marc BEDOGNI, de l’Entente et des personnels de l’établissement.
Toutes nos pensées à sa famille et ses proches.
Par une note datée du 11 Juillet 1991, Joël Lebeschu, directeur de la sécurité civile, confie à Antoine Battesti, alors lieutenant-colonel et directeur départemental des services d’incendie et de secours de Haute-Corse, la mise en place d’« un projet feux de forêt » qui prendra en 1993 le nom de « mission Vulcain ».
Si cette note souligne les progrès réalisés dans le domaine de la prévention et de la lutte contre les feux de forêt, elle n’en pointe pas moins la nécessité d’une approche globale pour ce qui demeure « un risque majeur dans notre pays », les feux de forêt : « il est évident désormais qu’il ne pourra être fait de progrès significatifs dans l’avenir sans qu’il soit procédé à une réflexion générale, incluant un examen critique de la situation existante et débouchant sur des propositions pratiques dans tous les domaines concourant à la protection de la forêt. […] Je vous demande de faire porter vos travaux dans tous les domaines intéressant les incendies de forêt, incluant aussi bien la connaissance du feu et de son milieu que la préparation des actions de lutte et donc de prévention. […] Dans cette perspective, et avec l’assistance de l’équipe que vous constituerez à cet effet, je vous engage à procéder à une consultation aussi large que possible de tous les partenaires et à retenir en toute priorité les idées novatrices et réalistes susceptible de générer une évolution significative. »
Antoine Battesti, par son vécu d’officier de sapeur-pompier et, antérieurement, de militaire, est un homme d’expérience. Les réflexions sur le feu de forêt, il les mène depuis longtemps, bien avant le début de la mission Vulcain. C’est d’ailleurs lui qui suggère au directeur de la sécurité civile l’idée de mettre en place cette mission qui aura des répercussions sans précédent dans les domaines de la prévention et de la lutte contre les feux de forêt. Il faut ici parler de l’importance de la méthode Battesti, clé de la réussite de cette mission : comme le dit Antoine Battesti lui-même, « faire travailler ensemble des personnes d’horizons très différents qui n’avaient pas forcément envie de travailler ensemble, constituait une véritable gageure ». Il ne fallait absolument pas mettre en place un système rigide qui aurait eu pour conséquence de refermer les différents acteurs sur eux-même. Il s’agissait plutôt de proposer un espace de parole et d’échange animé, qu’Antoine Battesti qualifiait vonlontier de « convivial », de façon à rendre possible l’ouverture d’esprit sans laquelle rien n’aurait été possible. « La convivialité des échanges, explique Antoine Battesti, était nécessaire pour briser les vues spécifiques et partisanes des une et des autres sans quoi, notre objectif qui était de mener une réflexion globale sur le système feux de forêt, n’aurait pu être atteint ». De 1991 à 1996, à raison d’une réunion par mois, sapeurs-pompiers, forestiers, militaires, élus locaux, agents des services de l’Etat, pilotes de la base d’avions de Marignane, membres de l’Entente, etc., du Sud-Ouest comme du Sud-Est, se sont retrouvés souvent à Valabre mais aussi en séminaires de plusieurs jours fréquemment à Saint Vallier-de-Thiey (06) ou aux Saintes-Maries-de-la-Mer (13), pour faire avancer la cause “forêt”. Schématiquement, avant la mission Vulcain, deux monde oeuvraient pour la forêt mais en s’ignorant : les agents du ministère de l’agriculture et les forestiers d’un côté qui travaillaient pour la prévention ; de l’autre, les sapeurs-pompiers civils et militaires, les pilotes de ma sécirité civile, impliqués dans la lutte contre les incendies de forêt. Entre ces deux monde, aucun lien – et au final aucune vision globale feux de forêt – n’existait. Gràce à « un partenariat et une interactivité constants » comme le dit Antoine Battesti, tous les acteurs ont réussi « à instituer une réelle cohérence autour de la problématique feux de forêt » qui s’est traduite par ce document fondamental publié par la sécurité civile en février 1994 : le Guide de stratégie générale. Plus de 300 personnes, réparties en cinq groupes de travail (préventin, opérations, formation, recherche, communication) ont contribué à la réalisation de ce document encore en vigueur aujourd’hui. Comme aime à le dire Antoine Battesti, Vulcain a été « un mode de communication simple, basé sur la connaissance mutuelle, la convivialité, la recherche d’une “production” commune, des centaines d’heures de travail, de disponibilité et d’engagement, pour des hommes et des femmes qui [voulaient] “changer les choses” ».
En avril 1993, ce qui en 1991 n’était qu’un “projet feu de forêt”, devient une “mission” nommée par un haut fonctionnaire de la direction de la sécurité civile “Vulcain”, mission qui, dès lors, conduira, au-delà du Guide de stratégie générale qui en est le socle, à l’élaboration d’une doctrine officielle feux de forêt constituée du Guide d’emploi des moyens aériens publié en 1999, du Guide nationale de référence en matière de formation publié le 6 août 2001 et la pérénnisation de l’Ordre d’opérations national feux de forêt élaboré chaque année par la sécurité civile depuis 1979.